Amis ou amants ? {Valkiri}

Des coups qui tranchaient le vent, Iriziel se retenait un peu ne souhaitant pas blesser sa partenaire qui l’avait déjà été quelques jours auparavant. D’habitude il n’aurait peut-être pas agit de cette manière, mais il se retenait souvent lors de leur entrainement pour ne pas la blesser. Plus depuis ce fameux jour, bizarrement. Il comprenait pourquoi sans être capable de lui expliquer ou de lui dire clairement et ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer.

Rapidement il allait en face d’elle pour lui donner un coup avec une de ses deux épées, rabattant la deuxième si elle esquivait. Par chance elle devait connaître un peu ses mouvements c’était ce qui arrivait à force de s’entraîner.

Au bout d’un moment il s’arrêtait simplement. Soupirant longuement, la journée avait été longue il faisait nuit, il était environ 23 heures. Il regardait le terrain d’entrainement désert. « Je pense qu’on peut s’arrêter là pour le moment Valkyria. Il se fait tard. » Il rangeait simplement sa lame. Il passa sa main sur son front, transpirant. Il continuait regardant la jeune femme « Tu devrais venir chez moi, il me semble que tu vis plus en périphérie que moi, tu pourras plus te reposer. Tu n’as plus mal a la cheville d’ailleurs ? »

Une concentration hors normes. Pendant des heures durant. Si cet incident à la cheville l'avait plus ou moins touché à son point faible – et c'était le cas de le dire – Valkyria demeurait heureuse de l'issue. Et plus encore, elle se voulait dévouée à l'égard d'Iriziel, puisqu'elle avait cru comprendre qu'il acceptait ses sentiments à son égard. Cru. Parce qu'au final, rien de réellement officiel n'avait été annoncé, et elle vivait avec un certain doute. Cependant, elle se disait qu'elle devait chasser de tels doutes, d'avoir confiance en Iriziel (plus que la confiance aveugle qu'elle ne lui vouait déjà, à vrai dire, ce qui était assez compliqué, on pouvait clairement le dire). Et en cela, elle conservait une focalisation remarquable à l’entraînement.

Tournoyant sa lance pour parer ou esquiver tour à tour, elle demeurait attentive et ne laissait pas la fatigue la gagner. Même si elle était transpirante, la chef de la garde ne lâcha pas prise… jusqu'à ce que son mentor appelle à la fin de l'entraînement. Elle relâcha alors son attention, et s'essuya également le front d'un revers de la main. Il était vrai qu'il se faisait tard, et Valkyria n'avait… pas réellement senti le temps passer en compagnie d'Iriziel.

Qui plus était, ce dernier lui proposait de passer chez lui car, des deux, il était celui qui habitait le plus près du centre d'entraînement. En soi, la chef de la garde se dit qu'il pouvait toujours s'agir d'une bonne escale avant de repartir – elle n'avait pas interprété de la part de l'archange qu'il l'invitait à rester pour la nuit – et en plus, d'un bon moyen pour qu'elle s'informe d'une éventuelle avancée des Dukharistes. Et… ça. Cette question qui la titillait depuis ce jour, pour savoir comment clairement se positionner vis-à-vis d'Iriziel dans son attitude. Non pas qu'elle lui manquerait de respect, non, ceci serait une constante. Mais… elle se disait qu'au moment voulu, elle pourrait éclaircir la situation. En attendant, elle se contenta de répondre simplement.

« D'accord, maître Iriziel. Je vous suis. »

A voir si déjà, il ne souhaitait plus être appelé maître. Mais pour l'heure, la chef de la garde s'exécutait en lui emboîtant le pas. Et en parlant de pas, il lui posa une question sur l'état de sa cheville, chose qu'elle apprécia, même si ce n'était rien. Ce problème était passé depuis longtemps, mais elle n'était pas insensible au fait qu'il lui demande des nouvelles. Elle répondit alors avec un léger sourire.

« Merci, mais ne vous inquiétez pas. Comme vous avez pu le voir à l'entraînement, je m'en suis rétablie. »

Après tout, elle avait montré qu'elle était toujours aussi agile, non ?

Iriziel s’était étonné de ne pas voir Valkyria rougir lorsqu’il lui disait de venir chez lui. Ce n’était même pas vraiment dit sur le ton de la proposition, c’était plus un ordre qu’autre chose. Dans tous les cas elle semblait d’accord mais il ne lui montrait pas plus que cela qu’il était étonné. Il hocha la tête et commençait donc à marcher doucement, cinq courtes minutes séparaient la cour d’entrainement de sa demeure. Pendant le trajet, elle le remerciait de s’inquiéter, mais lui disait que tout allait bien. Il eut un effet de soulagement qu’il ne montrait pas avant de dire.

« Oui, tant mieux »

Rien d’autre ne se disait vraiment durant la courte marche. Ils finissaient par arriver devant la demeure de l’archange, il s’agissait d’un plein pied dont la peinture était blanche avec quelques endroits grisés, sous les fenêtres. Il l’invitait à passer lui ouvrant la porte. L’intérieur n’était pas richement décoré mais siégeaient à quelques endroits des peintures anciennes, quelques statues rappelant la Grèce et ses divinités mais rien de trop encombrant, cela lui rappelait un peu son chez lui. Quelques plantes aussi. Ils arrivaient dans le couloir ou il déposa sa veste. Il y avait un salon, des fauteuils et un canapé confortable ainsi qu’une cuisine non loin puis évidemment une salle de bain et une chambre. Le tout était spacieux et bien qu’on sentait qu’il n’y vivait pas énormément il y avait quelque chose de chaleureux. Il alla refermer sa porte à clef, prudence, toujours.

« Mets toi à l’aise, fais comme chez toi. Je vais prendre une douche rapidement, tu pourras en faire de même si tu le souhaites, tu peux visiter, te promener, il y a un petite terrasse si tu veux voir au dehors. Ne sois pas gênée. »

Allant chercher des habits propres dans sa chambre, il allait simplement dans la salle de bain se doucher veillant à ce que Valkyria ne soit pas trop perdue.

Force était de constater que non, Valkyria n'avait pas rougi à la proposition de l'archange, mais elle n'en demeura pas intriguée. Si elle savait où il habitait, elle n'avait encore jamais réellement eu l'occasion de visiter l'intérieur de ses appartements, et cela serait une première ! Enfin, comme beaucoup de choses semblaient être redécouvertes par la guerrière. Redécouvertes ou non, d'ailleurs, puisqu'elle était toujours hésitante quant aux rapports qu'elle devait entretenir avec Iriziel… Le temps ferait son œuvre, sans doute…

Bref, tout ça pour dire qu'ils arrivèrent chez l'archange grec, et Valkyria ne manqua pas d'examiner les lieux d'un regard attentif. La raison ? Comprendre ce qui plaisait à son mentor, quels étaient ses goûts, tout en profitant pour se familiariser avec les lieux. Parce que s'il se mettait à l'inviter souvent, il vaudrait mieux qu'elle s'y fasse non ? Invitations fréquentes… Une pensée qui ne manqua d'ailleurs pas de faire très très légèrement rougir la chef de la garde, ce qui était assez ironique quand on se disait qu'elle n'avait pas rougi à l'invitation de son maître en tant que tel. Mais sans doute le fait qu'il l'invite à agir comme chez elle y était pour quelque chose, non ? Elle se retourna, et répondit poliment.

« Merci, mais je ne souhaite pas abuser de votre invitation... »

Elle se montra légèrement nerveuse. Est-ce que ce genre de considération avait réellement sa place en l'état actuel des choses ? Elle se le demandait, et lorsqu'Iriziel annonça se doucher, elle l'imagina sortir de la douche, le torse trempé, presque nu. Valkyria s'en voulut d'ailleurs énormément d'avoir une telle pensée, et préféra se montrer sage en attendant dehors, pour ne pas avoir d'autres idées honteuses de la sorte, qui révélaient ses désirs, à vrai dire. Elle ajouta alors docilement la chose suivante.

« D'accord, j'attendrai à l'extérieur, dans ce cas, que vous ayez terminé. »

Histoire éviter aussi de laisser l'odeur de transpiration traîner chez lui, et de dissiper ce qui pouvait rester à l'air libre, non ? Valkyria sortit sur la terrasse, pour admirer les lieux, et se laisser vaguer à ses pensées. Une chose était certaine: elle avait envie de mettre les choses au clair avec son mentor. Mais plusieurs éléments pêchaient : elle ne savait pas comment s'y prendre, et ne trouvait pas réellement le courage de lui faire face de la sorte. C'était embêtant, pour sûr, mais… Oh et puis, elle devait garder bon espoir. Il ne l'avait pas invitée ainsi pour rien… non ?

Une des dernières phrase qu’avait prononcée Valkyria résonnait un peu dans la tête du garde du corps pendant qu’il faisait couler l’eau. N’avait-elle pas compris qu’il l’avait invitée ici pour la nuit ? Sinon quel intérêt de lui dire qu’elle pourrait se reposer plus rapidement ? Pour lui la situation était claire : il avait fait de Valkyria sa compagne en quelques sortes. Il savait qu’il était plutôt subtil mais on ne le referait pas, il n’était pas homme à montrer ses sentiments à tout le monde.

« Hum… »

Dans sa réflexion il entrait dans la cabine, mouillant au passage ses cheveux, les lavant. La buée arrivait vite sur la vitre à cause de la chaleur de l’eau. Il ne mettait pas longtemps, pour ne pas faire attendre ou stresser la jeune femme car il se doutait bien de quel pouvait être son état mental. Il finit par sortir et se séchait, faisant de même avec ses longs cheveux, histoire de ne pas être trop trempé. Il enfila simplement un pantalon en lin noir assez ample dont il noua la ficelle pour éviter qu’il ne tombe – ça serait bête- il posa la serviette sur ses épaules pour éviter de tout tremper. Il en prit ensuite une autre, propre, et sortait enfin de la salle de bain, pieds nus.

Comme la jeune femme l’avait dit, elle attendait à l’extérieur. La lune était belle, et il traversa la porte vitrée, la surprenant peut-être d’ailleurs ? Il l’appela doucement « Valkyria ? » Iriziel n’avait pas spécialement fait attention à sa tenue vu qu’elle l’avait déjà vu comme ça au lac. Et puis elle allait devoir s’y habituer. Il la laissait se retourner et lui tendait la serviette. Il ne souhaitait pas qu’elle se sente mal à l’aise. « Tiens, tu vas pouvoir aller te doucher. Et tu n’abuses de rien, c’est moi qui te le propose. Je t’ai laissé des habits, certes un peu grands, mais bon tu te sentiras plus à l’aise qu’avec ton armure. »

Iriziel ne tarda pas, et finit par sortir, coupant ainsi Valkyria de ses pensées. Elle fut très légèrement surprise, car elle ne s'attendait pas à ce qu'il termine aussi vite, mais cela ne fut rien à côté de ce qu'elle vit. Son mentor se pointa devant elle, lui tendant une serviette, tandis qu'il demeurait torse nu, avec l'eau coulant sur ce dernier, et les contours soigneusement dessinés qui caractérisaient sa carrure. Les cheveux mouillés lui donnaient d'ailleurs un certain charme, si bien que la chef de la garde ne put empêcher ses joues de rougir légèrement, avant qu'elle ne saisisse la serviette en le remerciant.

« Merci à vous pour cette attention... »

Elle n'avait pas encore réagi au fait qu'elle baignerait dans ses vêtements, et qu'elle ne serait pas prête d'oublier cela, d'ailleurs, mais tel était l'effet quelque peu « papillon » dans lequel les propos d'Iriziel la plongeaient. Disons que son charme l'impressionnait, et l'affectait. Elle ne pouvait se montrer indifférente à son allure, et s'en retrouva donc purement et simplement distraite.

Bref, histoire de ne pas non plus trop faire attendre Iriziel mouillé dehors, et même s'il n'était pas désagréable à regarder, Valkyria se hâta pour se laver. Il fallait du temps pour que ses longs cheveux soient correctement entretenus, tout comme elle se rinça le corps. Cependant, elle savait se montrer assez rapide et efficace, lorsqu'elle se douchait. La chef de la garde fut toutefois légèrement ralentie par ses pensées qui la perturbaient, mais elle ne tarda pas non plus à sortir, en enfilant un long pantalon brun, qu'elle resserra et replia légèrement, ainsi qu'un t-shirt dans les mêmes teintes, visiblement trop grand pour elle, qui lui faisait presque office de chemise de nuit. Valkyria avait l'impression d'avoir enfilé des vêtements destinés à dormir, et elle se posa encore plus de questions au sujet de l'invitation d'Iriziel.

Mais autant les lui poser directement, non ? Histoire d'en finir avec les doutes. Elle le rejoignit dans son salon, pour s'asseoir à ses côtés, parce… qu'elle sentait que c'était sa place ? Fallait-il encore le confirmer. Valkyria regarda son mentor d'un air légèrement naïf, un peu comme une petite fille timide qui avait peur de s'exprimer, mais assez rapidement, sa résolution en tant que femme forte et chef de la garde la poussa à dire la chose suivante.

« Merci pour les vêtements et pour le… logement maître. »

Il fallait croire qu'elle avait fini par comprendre où il voulait en venir. Enfin, devait-elle s'en assurer ? Balbutiant un peu, elle finit par poser les questions qui la tracassaient.

« Je… me demandais. Est-ce que c'est… officiel ? Nous… formons un c… couple ? Ou… ? »

Elle avait peur de formuler l'autre alternative. Mais il fallait qu'elle en ait le cœur net. Alors tant pis, même s'il fallait affronter le regard profond d'Iriziel, elle était prête à le faire pour être fixée.

Iriziel avait senti le regard de Valkyria mais n’avait préféré rien dire. Il n’était pas son genre de s’exhiber ou quoi que ce soit, mais il était à l’aise dans cette tenue, d’autant plus qu’il se trouvait chez lui et que la jeune femme était sa compagne. Il n’avait aucune gêne à avoir. Il ne pouvait pas reprocher à la jeune femme de rougir. Elle le remerciait et finissait par s’éclipser sous la douche. Il espérait que les habits lui iraient et qu’elle ne serait pas dérangée.

Le temps qu’elle prenne sa douche il allait faire un thé déjà, il se rendait compte qu’il ne savait pas les saveurs qu’elle préférait et préférait donc emporter la boite avec l’eau chaude qu’il avait déjà mis dans la tasse avant d’aller se poser sur le canapé du salon, regardant le plafond, bras posés sur le bord, attendant simplement Valkyria qui finissait par venir. Elle venait s’assoir à ses côtés, presque timidement, il avait du mal à reconnaître la femme forte qu’elle était. Etait-il si intimidant ? Avait-elle peur de quelque chose ? De lui ?

« De rien, et considère que tu es ici chez toi. »

Parce que cela allait peut-être réellement le devenir non ? Il avait bien l’intention de l’inviter chez lui souvent, surtout lorsqu’ils finissaient aussi tard. Elle avait l’air encore plus intimidée que toute à l’heure… Il l’écoutait, essayant de ne pas trop la fixer pour ne pas la gêner. C’était donc ça qui la perturbait depuis quelques jours ? Sans répondre pour le moment il la prise doucement contre lui, soulevant son menton et l’embrassait doucement. Elle risquait de rougir, de begayer encore plus, mais bon.

« Ce n’était pas un accident cette fois. La réponse te convient ? Evidemment que c’est officiel. » Il la prit un peu contre lui avant de lui ébouriffer les cheveux. « Tu es bien comme ça. » Faire des compliments n’était pas son fort mais bon… Il se pencha un peu. « J’ai fait bouillir de l’eau. A quoi tu veux ta tisane ? »

Iriziel semblait si calme, si impassible, comme s'il considérait qu'il n'y avait aucune question à se poser. Tandis que Valkyria, elle, restait en proie au doute et au questionnement, en contrepartie. Peut-être devait-elle comprendre ainsi que tout irait pour le mieux, comme elle le souhaitait ? Que ses doutes n'avaient pas lieu d'être ? Il avait l'air de tout mettre en œuvre pour qu'elle se sente à l'aise, alors pourquoi ne pas relâcher la pression et la rigueur de soldate pour une fois, et laisser couler plus de douceur… et de féminité accessoirement ?

Quoique la féminité était présente, dans sa façon d'être, qui ne ressemblait pas à son habitude. Et c'était loin d'être fini. Lorsqu'Iriziel l'embrassa volontairement, elle fut extrêmement surprise, mais également aux anges – façon de parler. Elle ne s'attendait pas à une réponse aussi directe, et le temps qu'elle réalise, son mentor lui signifia que ce geste n'avait rien d'un accident. La chef de la garde se toucha les lèvres, encore émue par ce geste, et vit ses joues rougir un peu plus, mais elle afficha également un sourire épanoui. Très clairement. Iriziel et elle étaient en couple, et elle ne put s'empêcher de lâcher un petit rire lorsqu'il la complimenta. C'était tellement surprenant qu'elle répondit avec un air taquin, qui ne lui ressemblait pas non plus.

« Oui, votre réponse me convient maître, et j'ai encore un peu du mal à y croire. Que nous soyons ensemble et que vous… me complimentiez de la sorte. »

Est-ce qu'un rapport aussi familier avait sa place à ce moment-là ? Valkyria eut un doute, tout comme elle se demandait si elle devait continuer à l'appeler maître, dans cette relation de couple. On ne parlait même pas du vouvoiement, à ce stade. Parce qu'en l'absence de signes explicites indiquant le contraire, elle continuerait à s'adresser à lui comme elle l'avait toujours fait. Alors autant être fixée.

« Je me demande d'ailleurs… Est-ce que je dois changer ma manière de m'exprimer en votre présence, maître ? »

Elle n'hésitait pas à rentrer dans le vif du sujet. C'était ainsi qu'elle était, après tout. Au combat du moins. Mais était-ce pertinent de parler de « combat » ici ? Douceur, on avait dit. Douceur ! Et féminité. A vrai dire, elle n'avait pas l'habitude de boire du thé, et lorsqu'Iriziel lui proposa une tisane, elle se dit qu'elle allait prendre la même chose que son… amant ? Il lui était bizarre de considérer son mentor comme un « égal », mais elle s'y ferait avec le temps, non ? Avec un léger sourire, elle donna sa réponse.

« Je prendrai la même chose que vous, s'il vous plaît. »

Une envie de se blottir contre Iriziel la prenait. Comme la dernière fois. Pour qu'il puisse lui ébouriffer les cheveux. A vrai dire, elle avait apprécié cela. Mais elle allait attendre de boire sa tisane au préalable. Et demander confirmation d'un fait qui semblait évident, à ce stade.

« Vous avez fait durer l'entraînement pour que je passe la nuit chez vous ? Sachez que… j'en suis heureuse. »

Léger sourire gêné. On pouvait voir qu'après avoir gardé ses sentiments pour elle tout ce temps, Valkyria n'avait qu'une envie : en faire part à son mentor. Ou plutôt son amant.

Valkyria avait l’air tout émue lorsqu’il l’avait embrassée et devant tant de mignontitude – ce mot existe ! – l’archange n’avait pas pu retenir un très, très léger sourire qui étira ses lèvres quelques instants. Elle touchait ses lèvres, elle devait avoir un peu de mal, et cela ne fut que confirmé par ce qu’elle disait. Pourquoi avait-elle du mal à croire ses compliments ? Il haussa un sourcil, assez surpris en fait.

« Même si c’était sur ta façon de te battre, ce n’est pas la première fois que je te fais des compliments pourtant. »

Iriziel avait senti une petite hésitation, quant à la suite de ses paroles. Qu’est-ce que cela pouvait bien concerné ? Il finissait par être fixé : elle voulait savoir comment elle devrait s’adresser à lui à présent. C’est vrai qu’il était habitué depuis longtemps à ce vouvoiement et au fait qu’elle l’appelle maître. Chose qui était normal vu qu’elle était son élève, et qu’elle le serait toujours un peu non ? Il n’était pas sûre de la bonne réponse alors il disait simplement…

« Comme tu le souhaites. Je ne veux pas que tu sois mal à l’aise à me parler d’une façon qui ne te correspondrait pas. »

En gros il ne l’avançait pas vraiment en fait. Il se contentait ensuite de lui proposer une tisane. A condition qu’elle en veuille, mais comme il l’avait préparé… elle demandait la même chose que lui. Ce qui l’étonnait un peu sachant qu’elle n’avait pas forcément vu ce qu’il avait pris. Il hocha la tête et après qu’elle soit prête il lui tendit la tasse. Elle lui posait une question un peu étrange et il notait sa perspicacité. Elle n’était pas son élève pour rien. Mais voir ses intentions mises à nues pour quelqu’un comme lui qui avait du mal à les exprimer quelques fois pouvait être gênant.

« Probablement. » Succès débloqué : gêner Iriziel. Il se contentait de continuer de boire sa tisane tout en se mettant confortablement dans le canapé en soupirant d’aise. Il était détendu et regardait Valkyria du coin de l’œil. Qu’allait-elle décider ?

Certes, Iriziel l'avait déjà complimentée sur sa façon de se battre. Cependant, le contexte était différent, et… tout était différent, pour Valkyria. Un cadre plus détendu, plus intime, seule à seule avec l'ange qu'elle admirait depuis… si longtemps. Les compliments n'avaient pas la même portée, dira-t-on. Iriziel demeurait quant à lui fidèle à lui-même : toujours aussi calme, et en apparence imperturbable. Des raisons qui poussaient la chef de la garde à lui vouer une admiration sans borne, en tout cas. Qui faisaient qu'elle se sentait en sécurité, auprès de lui. Elle eut un sourire en lui répondant.

« Non, mais c'est le premier tête à tête que nous avons… dans ces circonstances. »

L'envie de reposer sur son torse était de plus en plus prenante. Mais elle conserva une certaine réserve. Iriziel lui signifia d'ailleurs qu'il pouvait l'appeler comme bon lui semblait, et la transition immédiate vers un rapport purement familier lui semblait un peu trop… prématurée. Elle continuerait à le vouvoyer, c'était certain, mais de là à l'appeler simplement Iriziel ? Valkyria hésitait, beaucoup à vrai dire. Pour l'heure, elle allait rester dessus, et verrait après.

« D'accord, maître. »

Elle saisit la tisane pour en boire un peu, et regarda son maître lui répondre. Probablement ? Est-ce qu'il cherchait délibérément à conserver un certain mystère ? Non pas que cela déplaisait à Valkyria, au contraire ! Mais le fait était qu'il avait l'air un peu gêné. Et c'était très amusant de le voir ainsi, sous sa carapace de diamant. La chef de la garde décida de le taquiner un peu plus dans cette direction, notamment en se posant sur son torse avec un sourire paisible, et en disant.

« Eh bien je vous en suis très reconnaissante. Si… ça ne vous dérange pas, j'aimerais pouvoir rester ainsi sur vous. »

Peut-être même s'assoupir ? A voir...

Valkyria n’avait pas tort, mais complimenter son élève sur n’importe quel point ne le dérangeait pas. Elle avait la force, la façon de penser, les idéaux et la beauté de tout ce qu’il souhaitait. Tout ce qu’il recherchait. Elle était sa meilleure élève et son amante à présent. Leur relation évoluait, et il espérait qu’elle évoluerait plus encore de façon positive sans trop savoir comment. Mais mieux fallait s’intéresser au temps présent.

Il remarqua qu’elle avait décidé de l’appeler « maître » pour le moment, comme elle le souhaitait il ne s’y opposait pas. En réalité il n’avait pas de préférence. Tant que ce surnom ne l’encourageait pas à avoir peur de sa personne, tout irait pour le mieux.

« Ne te focalise pas trop sur ce point, la manière dont tu m’appelles n’est pas importante pour moi, tant que cela te va. »

Il la regardait boire, évitant de croiser son regard presque gêné, elle finissait par se poser contre lui. Même s’il était étonné par un geste aussi « rapide » de la part de Valkyria – pas que cela lui déplaisait, au contraire- il n’en montrait rien, gardant simplement son impassibilité.

« Ca ne me dérange pas, mais ne préfèrerais-tu pas mon lit si tu es fatiguée ? Je ne t’oblige pas à dormir à mes côtés, je dormirai ici. »

En bon gentleman, il allait lui laisser son lit pour la nuit si elle ne désirait pas dormir avec lui, évidemment.

Avec le temps, elle ne l'appellerait plus maître, mais en attendant, il fallait faire avec. Iriziel demeura impassible lorsque Valkyria vint se poser sur lui, et lui renvoya même l'ascenseur de rapidité, en quelques sortes, puisqu'il lui proposa ni plus ni moins de dormir dans son lit. Quoiqu'il eut quand même la délicatesse de lui laisser le choix quant à sa présence ou non, dans ce même lit. Si la chef de la garde fut un peu surprise, elle n'en demeura pas moins contente, d'autant plus qu'elle ne voyait aucun mal à ce qu'il soit à ses côtés. Certes, elle avait été un peu intimidée lorsqu'il l'avait vue en petite tenue, mais elle lui était dévouée, elle lui faisait confiance, et cela suffisait pour qu'ils partagent le même lit. Elle ne leva pas la tête pour le regarder, cependant, appréciant être sur son torse, et lui répondit avec la voix qui allait avec.

« Vous ne me dérangerez pas. Au contraire, je suis heureuse d'être à vos côtés. »

Être posée ainsi sur son torse l'encouragea à jouer un peu avec l'une des mèches mouillées d'Iriziel. Il était beau, séduisant, et elle avait encore du mal à se dire qu'elle pouvait le toucher de la sorte. En soi, son envie du moment, c'était qu'il la transporte tel un prince charmant jusque dans le lit, parce que quand bien même, Valkyria pouvait avoir des désirs romantiques. Cependant, si son amant l'invitait à se lever pour qu'ils aillent ensemble au lit, elle s'exécuterait, en bonne soldate.

La chef de la garde lui prit d'ailleurs la main pour jouer un peu avec. Un peu comme une gamine qui voyait son rêve d'enfance se réaliser. Enfin pour le coup, c'était surtout un souhait de longue date. Mais elle n'avait pas non plus envie de trop abuser, alors elle préféra demander.

« Souhaitez-vous que je me lève pour que nous y allions de ce pas ? »

Ou aurait-elle droit à une surprise ?

En vrai le garde du corps était un peu fatigué, d’où le fait qu’il ait proposé à Valkyria d’aller dormir. Normal avec les longues journées qu’il avait et avec cet entrainement nocturne. Mais il se doutait qu’elle aussi devait être fatiguée, plus que lui car elle bougeait toujours beaucoup durant les entrainements. Il voulait pas aller trop vite, il ne savait pas vraiment ce que c’était que d’aller trop vite alors… Il ne voulait pas la choquer en lui proposant de dormir avec lui déjà qu’elle avait l’air gênée de venir chez lui. Elle accepta cependant sa proposition, ayant l’air assez content.

« D’accord, tant mieux. »

Il la regardait jouer un peu avec ses cheveux. Il les avait toujours gardé long et cela lui avait toujours plut, il ne savait pas vraiment pourquoi. Il n’était pas le genre à s’intéresser à des fioritures mais pour lui l’apparence comptait au minimum. Maître à l’épée et maître de soi-même, en somme. On ne lui avait jamais dit qu’il ressemblait à une fille et il était préférable qu’il ne l’entende jamais. Il la laissait aussi prendre sa main et jouer avec, se laissant faire. Il pensait comprendre ses sentiments.

« Tiens-toi un peu »

Comment ? Bonne question, il passa une main sous ses jambes, se penchant légèrement, puis une autre main derrière son dos pour la soulever tranquillement, comme il l’avait fait l’autre jour avec sa blessure. Mais elle était plus prêt de son corps, et puis il était torse-nu aussi.. Il l’emmenait en direction de sa chambre, éteignant les lumières. Il la posa doucement sur le lit, d’un coté, avant d’aller fermer la porte. Il allait aussi tirer les rideaux histoire qu’ils ne soient pas réveillés beaucoup trop tôt, il souhaitait flemmarder avec Valkyria. Doucement il se glissa dans les couvertures, laissant la jeune femme se mettre à son aise.

« Rien ne te manque ? »

Sait-on jamais il avait peut-être oublié quelque chose d’important ?

Le désir de Valkyria sembla être entendu, d'une façon ou d'une autre, par son maître. Parce que ce dernier souleva la chef de la garde, comme lorsque cette dernière avait été blessée. Instinctivement, elle s'agrippa à lui, à son torse qu'elle sentait au plus proche, et qui ne manqua pas de lui plaire, qui plus était. Après tout, Iriziel possédait un physique hautement désirable, tant il était bien bâti. Mais plus que l'attirance qu'elle éprouvait pour son physique, c'était le fait d'être transportée par celui qu'elle aimait qui la rendait heureuse.

L'ange la déposa alors dans son lit pour ensuite fermer les rideaux, et la rejoindre. L'espace d'un instant, Valkyria se demanda pourquoi avoir tiré ces derniers. Mais assez rapidement, il lui vint à l'esprit que c'était pour se couper de la luminosité du petit matin qu'il faisait cela. Est-ce qu'il avait prévu de… faire certaines choses qui les pousseraient à se réveiller tard le lendemain ? Non pas qu'elle pense à quoique ce soit de malsain, mais de toute façon, même si cela était le cas, Valkyria avait entièrement confiance en Iriziel. Et lorsque ce dernier lui demanda s'il n'avait rien oublié, elle lui répondit avec un sourire calme et paisible.

« Oui, vous oubliez le plus important, maître. »

Avec délicatesse, elle vint se rapprocher de lui pour mettre ses mains sur son visage, afin de l'embrasser tendrement, mais longuement. Quitte à avoir droit à de l'intimité, autant qu'elle lui montre qu'il devait lui aussi, se mettre à son aise. Après tout, il était chez lui, et tout ce qu'il faisait contribuait naturellement à rendre Valkyria heureuse. Alors qu'il ne se soucie pas avec toutes ces questions. Après son baiser, la femme lui dit.

« C'est de vous détendre, maître. Votre présence me suffit à être heureuse, ne craignez pas d'avoir oublié quoique ce soit. »

Elle lui caressa un peu le torse, comme pour profiter de ces instants privés avec son amant. Très clairement, il était un délice pour les yeux, en plus d'être une figure exemplaire pour elle. Tout pour plaire à la chef de la garde qui, plaça un tendre mot, avant de revenir l'embrasser en montant sur lui pour être dans ses bras.

« Je vous aime maître… Pouvez-vous me… garder contre vous ? »

Être dans les bras de l'homme en lequel on avait le plus confiance était quelque chose de bon, après tout. Même pour quelqu'un d'aussi forte que Valkyria.

Oublier quelque chose. Parce qu’il ne souhaitait pas vraiment mettre de silence entre lui et Valkyria, ne plus savoir quoi dire et la déranger. Au fond de lui il s’inquiétait évidemment, savoir qu’elle n’était pas stressée, ou inquiétée parce qu’elle dormait à ses côtés. Apparemment il avait oublié quelque chose et il en fût étonné. Il le montrait, pour le coup, elle veenait vers lui, posant ses mains sur son visage et l’embrassait d’une manière tendre. Doucement il lui rendit ce baiser, se penchant légèrement vers elle avant de l’écouter plus attentivement. Il passa lui aussi sa main sur son visage, un peu comme s’il essuyait une larme, il lui dit calmement.

« Je suis détendu ne te fais pas de soucis. »

Il remontait légèrement pour lui caresser les cheveux avant de se coucher à ses côtés. Il aurait aimé la prendre contre lui mais c’était elle qui fit le premier pas. Chose encore une fois étonnante. Il appréciait ses caresses autant chastes puisses-elles être. Il ne voulait la brusquer en rien, alors il se contentait d’accéder à sa demande, la mettant contre lui, passant une main sur sa taille, son autre caressait son front pour y déposer ensuite un baiser.

« Oui. Bonne nuit, Valkyria. »

S’assurant qu’elle était à l’aise et qu’il l’était aussi, Iriziel fermait les yeux, s’apprêtant à rejoindre le monde de Morphée jusqu’au matin.

Difficile d'imaginer Iriziel stressé, en fait. Avec son impassibilité, à vrai dire. Si Valkyria avait cru pouvoir déceler un brin de gêne à un moment, ce genre de choses était quand même assez rare, quand on parlait de l'archange. Ceci dit, elle eut droit à ce qu'elle désirait, à savoir des caresses, et être prise contre ce dernier. Être aussi proche de lui était un pur bonheur, et elle se laissa s'assoupir dans un tel contentement. D'autant plus qu'il lui souhaitait une bonne nuit.

Peut-être devait-elle renoncer à l'appeler maître, en fait ? C'était sans doute plus naturel pour un couple de s'appeler par le prénom, sans autre attache. Valkyria était assez bornée et à cheval sur ses principes, certes, mais un tel instant romantique n'était-il pas voué au rapprochement, justement ? Surtout qu'elle s'endormait doucement. Elle était amoureuse de cet ange, et rien ne pouvait plus faire entrave à cet amour, non ? Aussi, décida-t-elle de caresser un peu le torse d'Iriziel, tandis qu'elle était blottie contre lui, et lui murmura.

« Bonne nuit m… Iriziel. »

Elle avait voulu faire abstraction du titre, ce qui était une semi-réussite. Le réflexe l'avait poussé à commencer à déclamer son titre, mais au final, elle s'en était dispensée. Doucement donc, elle s'endormait contre son maître, heureuse. Son plus grand rêve était désormais réalité, et elle en était certaine.

Assurément l’archange allait passer une bonne nuit. Il eut un sourire lorsqu’il l’entendit changer son début de « maître » pour simplement son prénom. Etait-ce parce qu’elle était fatiguée ? Peut-être. Il verrait bien comment elle l’appellerait au réveil, il était curieux de voir si elle n’allait pas s’angoisser, oublier ou elle était. Fermant les yeux, il s’endormait heureux – bien qu’il ne le montrait pas beaucoup- en sa compagnie.

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Malgré tout, le soleil finissait par passer par quelques espaces que les rideaux ne couvraient pas. On entendait les oiseaux. Iriziel ouvrait doucement les yeux. Trop habitué à se réveiller tôt, finalement. Il portait son regard sur Valkyria, qui avait l’air encore endormie dans ses bras. Etant donné qu’elle s’était endormie sur lui, il allait éviter de bouger il lui caressait juste doucement les cheveux, regardant le plafond. Elle finissait doucement par se réveiller.

« Bonjour, Valkyria. Bien dormi ? »

Sachant très bien qu’il n’allait pas pouvoir le reste de la journée car il restait très professionnel en temps normal, il lui prit doucement le menton pour l’embrasser avant d’aller lui caresser le dos. Un peu de tendresse avant une longue journée.

Il n'était peut-être pas des plus confortables de dormir sur le torse de quelqu'un pendant tout une nuit, mais Valkyria avait passé ce moment comme une ange, sans mauvais jeu de mots. Elle était heureuse d'avoir été aussi proche d'Iriziel pendant toute une nuit, et lorsque le matin se leva, et que la blonde se réveilla, elle eut droit au visage de son amant comme première vision du jour. Ceci la fit assurément sourire, d'autant plus qu'il la caressait, lui demandait si elle allait bien, et même l'embrassait. La chef de la garde l'enlaça en guise de réponse, puis s'étira un peu avant de lui répondre avec le sourire.

« Bonjour maître. Je pense avoir passé l'une de mes meilleures nuits. Et vous ? »

Elle avait naturellement appelé son mentor « maître », parce qu'elle n'avait pas encore l'habitude, et par réflexe aussi. Peut-être lui ferait-il remarquer ? Peut-être que cela la pousserait d'ailleurs à changer ses habitudes ? A voir. Pour l'heure, Valkyria était consciente qu'ils avaient tous les deux des obligations, mais souhaitait rester auprès de lui encore un peu. Ne pas quitter son torse, avoir droit à ses caresses… C'était un bonheur dont elle souhaitait profiter, alors autant rester là à y avoir droit… Jusqu'à ce qu'Iriziel lui somme de se lever, peut-être ? Elle se demanda d'ailleurs si cela allait devenir la routine. Qu'elle dorme chez lui, entre autres.

« Est-ce que… ce soir, et tous les autres soirs seront les mêmes que notre précédent soir ? »

Inutile de dire qu'elle avait envie de rester auprès de son mentor pour toujours, et que ceci était une façon de satisfaire ce désir. Mais peut-être était-ce encore trop tôt pour qu'ils vivent ensemble?

Même si dormir sur le dos n’était pas la position qu’il préférait, Iriziel avait bien dormi, avec Valkyria contre lui et s’était réveillé de bonne humeur… Même si cela ne se voyait pas vraiment sur son visage, sauf le fin sourire qu’il adressait à l’être qu’il aimait, à qui il ne l’avait pas encore dit. Tous ces sentiments… C’était dur pour lui. Tant que Valkyria ne se posait pas trop de questions, sur le pourquoi du comment, ou n’avait pas de toute, cela devait passer. Dans le pire des cas elle lui avait montré hier qu’elle était assez forte pour démarrer une conversation de ce genre avec lui, aussi gênante puisse-t-elle être pour elle.

Elle lui offrait un sourire dès le matin, s’étirant, lui disait qu’elle avait passé une de ses meilleures nuits. Il était flatté même si ce n’était que juste à sa présence. Il était content, surtout. Contrairement au soir, elle l’avait appelé « maître », mais il ne disait rien là-dessus, il l’avait dit : il la laisserait faire comme elle voulait.

« Moi de même. »

Il n’ajouta rien de plus à ce sujet, il n’avait besoin de rien ajouter. Il se redressait un peu., lui demandant alors inconsciemment de se redresser elle aussi. Il avait besoin de s’étirer. Ne rien faire n’était pas dans ses habitudes. Il avait un matin très routinier. D’une façon presque détournée, elle lui demandait si elle allait revenir ce soir.

« C’est comme tu le souhaites. Mais si tu le veux, tu peux revenir ce soir. Emmener quelques vêtements aussi. »

Après un entrainement, c’était mieux d’avoir des vêtements de rechange. Il ébouriffait les cheveux de Valkyria avant de se lever, sortir des couvertures et de prendre un chemise pâle posée sur sa commode, histoire de commencer à s’habiller, il l’enfila simplement pour le moment, sans la fermer et dit à Valkyria.

« Si tu veux tu peux aller te changer dans la salle de bain, tu seras moins gênée. »

Particulièrement enjouée à la réponse de son mentor, et au sourire que ce dernier arborait, Valkyria était, bien entendu, heureuse de vivre une telle situation. En arriver à ce stade était un bonheur, et elle le laissa transparaître alors qu'elle lui caressa doucement le visage avant de lui faire un doux baiser matinal. C'était une façon de lui montrer sa joie dès le matin ? Le fait d'avoir dormi en sa compagnie avait dû légèrement la décoincer, bien qu'elle demeurât assez formelle au point de demander si elle élirait domicile chez l'archange à l'avenir.

Ce dernier sembla l'encourager sur cette voie, puisqu'il lui suggéra non seulement de revenir le soir, mais en plus d'emporter quelques vêtements. Pas un change, mais plusieurs vêtements. Comme si ces visites allaient s'élargir dans la durée. Valkyria ne cacha pas sa joie à cette perspective, et elle lui fit un câlin avant de poser une dernière fois la tête sur son torse, lui répondant.

« Je le souhaite. »

Ils finirent par se lever, et Iriziel ne tarda pas à se changer. Qui plus était, il indiqua à son amante d'utiliser la salle de bain si elle souhaitait garder son intimité. La chef de la garde eut un léger sourire marqué par de discrètes rougeurs, parce qu'elle appréciait que son mentor lui laissait avoir toujours un peu d'intimité. Peut-être qu'avec le temps, les choses seraient amenées à évoluer. Mais pour l'heure, elle se rendit dans ladite salle de bain, pour se changer, et enfiler à nouveau son armure.

Parée dès le matin à retourner à son devoir, elle afficha une résolution plus proche de la soldate qu'Iriziel connaissait. Elle était en forme, mais elle attendait également le soir avec impatience. Et alors qu'ils s'apprêtaient à partir, elle dit à son mentor.

« A ce soir maître. J'attends notre entraînement avec impatience. »

Surtout ce qui allait suivre. Quoique, le disait-elle vraiment avec un caractère aussi trempé ? Non, il y avait des marques de douceurs, un léger sourire de béatitude en voyant le bel archange avant de démarrer la journée. Elle n'osait pas l'embrasser une nouvelle fois dans cette tenue, surtout qu'elle se devait de rester un modèle de rigueur devant ses hommes. Mais une fois le soir venu, ce serait… autre chose.

C’est avec un sourire en coin que l’archange regardait la jeune femme aller se changer. Elle avait l’air différente de d’habitude, moins timide envers lui, même s’il appréciait bien ce coté quand même.. Une fois qu’elle fut sortie de la pièce il en profita pour se changer simplement, enfilant simple pantalon. Il ne se complaisait plus dans une armure comme au départ. Malgré sa stature il aimait bien ne pas avoi l’air d’un guerrier et ne pas avoir l’air armé, comme cela il surprenait complètement l’adversaire. Chemise blanche et pantalon noir, des vêtements comme ceux de d’habitude.

Evidemment, Valkyria était habillée de la même façon que hier, elle n’avait pas emmené de vêtement de rechange. Elle semblait un peu plus intimidée que y’a quelques minutes, bizarrement. Elle lui disait déjà à ce soir. Il s’étonnait : elle ne voulait pas manger quelque chose avant de partir ? Il le lui demandait donc.

« Tu ne souhaites pas prendre quelque chose avant de partir ? Un thé ? A manger ? »

Iriziel lui ne s’embêtait pas et se faisait tranquillement un thé, elle allait bouger comme tous les jours, il lui fallait un peu de force quand même.

Avouons une chose. Les événements de la soirée avaient été riches en émotions, si bien que Valkyria en ignorait la faim. Elle avait comme qui dirait des papillons dans le ventre à ce moment-là, malgré son caractère endurci, et ne souhaitait pas manger. Ceci dit, elle était suffisamment avisée pour se dire que ne pas manger risquait de la handicaper pendant le courant de la journée. Mais comment faire lorsque l'on n'avait vraiment pas faim ? Sans doute cela ne serait que passager, et que la présence de l'archange y était pour quelque chose. Peut-être qu'en quittant sa demeure, elle ne serait plus soumise à un tel effet ? A voir, il fallait qu'elle essaye pour le voir.

Certes, elle avait beaucoup envie de rester avec Iriziel, mais elle pouvait se montrer patiente et attendre le soir, maintenant qu'ils avaient l'éternité devant eux. Valkyria sourit un peu, à cette idée, et fit brièvement demi-tour pour saisir deux-trois clémentines, avant de lancer la chose suivante à son maître.

« Pour être honnête, je ne sais ce qui me prend, mais je me sens comme… assez rassasiée pour ne pas avoir faim. Peut-être que celle-ci viendra en cours de route... »

Mais en attendant, elle devait se mettre en cours de route, justement. Ne pas être en retard, être prête à superviser les soldats. Parce que présentement, elle n'avait pas la tête à cela, et elle ne voulait, en aucun cas, montrer un modèle de distraction. Ce fut pourquoi, elle ajouta la chose suivante.

« Et il me faut me préparer pour être digne d'enseigner à mes soldats, aussi. »

Peut-être qu'Iriziel comprendrait le message implicite qu'elle laissait sous-entendre ? A voir. Valkyria, elle, continuait à avoir ce léger sourire, mais ne tournait pas de suite les talons, en attente d'un signe quelconque de la part de son mentor.

Peut-être qu’Iriziel était un peu trop rationnel pour ne pas avoir faim, ni soif, dans tous les cas, il allait au minimum boire un petit quelque chose pendant que Valkyria lui disait qu’elle n’avait pas besoin de manger. C’était peut-être le stress d’être chez lui, après tout. Etait-ce vraiment une bonne idée de la faire revenir ce soir ? Ne devait-elle pas manger chez elle ? Il verrait déjà cela ce soir.

« Comme tu veux, je ne vais pas te forcer, évidemment, mais arrête toi si tu as faim. »

Ordre ou demande personnelle, là était bien la question, il laissait Valkyra l’interprêter comme elle le souhaitait. Il s’installa tranquillement sur sa chaise. Elle lui disait qu’elle devait se préparer à être digne … Elle l’était déjà, pourtant, il haussa un sourcil, sans véritablement comprendre. Il y réflechirait pour plus tard, en attendant il n’allait pas lui permettre d’être en retard.

« Tu l’es déjà, mais soit. Je te laisse y aller, a plus tard dans la journée sûrement. »