Entre la flemme et la flamme...
J'entrais dans la salle de combat avec un grand sourire satisfait -et sans doute quelque peu sadique- sur les lèvres... Il n'y avait rien de plus beau au monde que d'avoir le droit de taper les autres... Donc cette pièce était pour moi, un paradis. Ironique n'est-ce pas ?... Nan, dites rien, j'm'en fous de ce que vous pensez. Mon corbeau croassa avant de s'envoler, annonçant au passage mon entrée. Ici, j'étais à la fois apprécié et détesté, et tout deux pour la même raison : j'étais persistant. Je divertissais les démons puissants qui me voyaient me relever même à bout, j'en agaçais d'autres à avoir tant -trop ?- de volonté. Au final, même si on me ramenait dans mes appartements complètement cassé, au point d'attendre deux jours histoire de correctement me remettre de mes blessures, j'avais la sensation d'être complet dans cette salle, parce que je vivais.
Je retirais mon blouson de cuir ainsi que mon maillot pour aller directement sur le terrain, attendre des challengers. Aujourd'hui, l'arène était bien calme... Il n'y avait pas beaucoup de démons puissants, la plupart de ceux qui étaient présents étant de jeunes démons qui apprenaient à se servir de leurs nouveaux pouvoirs. C'est un de ces
bambini les plus expérimentés qui vint à ma rencontre. Je l'avais déjà battu plusieurs fois en simple combat à l'épée... Il vint vers moi avec le sourire. :
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Bon, si on s'attaquait au corps à corps ?... J'aimerais voir ce que tu vaux.Auprès de certains, j'étais devenu une espèce d'instructeur... Et je reconnais que cela me plaisait un peu, heureux de savoir que l'enseignement
dei Vecchi servait à quelque chose, même outre-tombe. C'est mon précepteur qui doit faire la java dans son cercueil. Bref, je commence à lui montrer comment maintenir une position défensive tout en ayant la possibilité d'attaquer ; poing devant le visage, coude légèrement écarté, appuis solides mais souples. Ça me rappelait mon enfance tout ça, et dans un sens plus guilleret que les meurtres, l'ignorance de mes parents et la trahison de Benedetto... Je me souvenais de cette période où j'aimais apprendre les différents points vitaux d'un homme, où je passais mes matinées à courir sur les plus belles plages italiennes.
Mon "élève" me rendit mon sourire, avant que je ne vois celui-ci disparaître... Je me retournais devant son regard un peu effrayé. C'était un démon qui devait être aussi puissant que moi au vu de sa carrure... J’espérais simplement qu'il n'ait pas plus d'expériences que moi. Cette incertitude ne m'empêcha pas d'accepter son invitation muette dans un combat... Mon sourire s'étira plus vilement, étirant ma cicatrice sur la joue gauche.
J'ai fait signe au
bambino de s'éloigner tout en me mettant en garde. Et le combat commença... Des mouvements simples au début, histoire de se jauger. C'était comme ça depuis ma mort. Avant, je me battais pour tuer ; ici, j'ai appris à me battre... pour apprendre... C'était bizarre. Pour moi j'entends, mais au fond de moi, je trouvais ça bien plus naturel, bien plus normal au final... Jusqu'à ce que mon adversaire me décoche une droite plutôt inattendue. Ah, non, je me corrige... GRAVE ! Inattendue. Mais c'est qu'il m'a fait mal le
bastardo...
Sans m'en rendre compte, je suis déjà en mode Eveil... Je jette un regard immonde et monstrueusement enragé sur mon ennemi avant de me jeter sur lui dans un cri qui couvrit l'ambiance de tous les autres sons de la salle. ...Ben oui, faut pas déconner non plus. J'ai beau être plus compréhensif qu'autrefois, je restais la Colère. Dès qu'on me surprenait, j'avais cet instinct primaire qui se mettait en marche, mon instinct de tueur, forgé pour vous étriper... Bien heureusement, j'avais encore la décence de n'étriper personne, je me contentais de déboîter sa mâchoire avec le même coup qu'il me donna un peu plus tôt mais de façon bien plus forte... Nan mais.
Je le surprends à mon tour avec ce coup, si bien qu'il en reste couché... Eh bien... Il était peut-être costaud d'apparence mais ne devait pas souvent se battre. Mais ça ne calme pas mon Eveil, loin de là, je trimbale mon aura meurtrière jusqu'à une serviette que je prends négligemment pour essuyer ma sueur naissante avec. Mon corbeau se pose sur mon épaule. Il croasse de façon agacé... Et je le comprends. Oui, ce combat m'a laissé sur ma faim... Si on pouvait encore dire qu'il s'agissait d'un combat. Néanmoins je m'efforçais de me calmer, inspirant longuement et profondément pour faire passer ma rage, songeant à ce que pourrait bien me dire la
Signora Maïwen dans un cas pareil. En pensant à elle, mon aura s'estompe un peu, mais elle est toujours là quand je me retourne pour reprendre un autre combat.
Sauf que lorsque je me retourne, une jeune
Signorina est devant moi. Je freine de justesse avant de lui rentrer dedans, faisant même perdre l'équilibre à mon oiseau noir qui finit par s'envoler. Je la regarde d'abord énervé d'être interrompu puis je me sens vite troublé par son regard fatigué...