Mystère. En un mot, on pourrait ainsi le décrire. La peau pale et les cheveux d'un noirs de jais, squattant un éternel costume dont il doit posséder une collection, Sytry ne se montre pas. Les mains gantés et les lunettes noires cachant ses yeux bleus clairs, il ne s'agit pourtant pas de pudeur. Non, il prend même un malin plaisir à retirer veste et chemise. Mais son allure respire le mystère et l'inconnu, les questionnements.
Son allure svelte mais musclé laisse parfois fondre ses vêtements dans sa chair pour prendre un tournant plus félin. La panthère noire aux pattes puissantes et à la mâchoire féroces semble cependant toujours aborder ce même air caractéristiques. Ce sourire en coin qui n'en ai pas vraiment un. Le sourire froid de celui qui sait et qui inquiète quand bien même on ignore quoi.
On se retourne pour le lui demander mais discret et rapide, il a déjà filé.
Ses gestes sont toujours rapides et précis, témoignant de son agilité. On se laisse surprendre par sa voix suave quand dans notre dos il surgit de l'ombre où on l'avait oublié.
Mystère qui nous échappe lorsque l'on tente trop de l'attraper.

A force de transporter le courrier, on en apprend beaucoup. Le but étant de tout garder pour soit afin d'éviter les mésaventures... Mais il n'empêche que l'on sait. Sytry en joue, ce qu'il ignore il se débrouille pour faire croire qu'il est au courant. Gardant le silence, il en tire beaucoup de ceux qui, persuadé qu'il sait, viennent à parler. C'est un jeu, un passe-temps qu'il apprécie. Avoir la sensation de tout maîtriser, tout contrôler ? Pas vraiment.
Celui qui contrôle doit s'afficher, il laisse cela à Satan. Il préfère l'ombre. Loin de lui l'envie de se placer une cible sur le front. Il n'est qu'un messager, un curieux silencieux cultivant ses mystères.
Il ferait un bon informateur sinon, s'il avait quelques à y gagner. Sinon, il n'apportera que le doute en restant vague entre mensonge et vérité.

En fait, il n'aime pas ignorer. Il préfère voir venir, anticiper et pour cela il faut savoir. L'imprévu, ce n'est pas trop sa tasse de thé. Pas plus que la fidélité apparemment. Il ne s'attache pas, pas en amour en tout cas. Séquelle du passé ? Peut-être.
Il se contente des coups d'un soir en valant la peine et n'hésites pas à jeter les autres. Briser les cœurs, c'est le cadet de ses soucis. C'est un démon après tout.
Pourtant, il est fidèle à Satan... A sa manière. De façon générale, il n'a pas particulièrement envie de disparaître ou de souffrir. D'ailleurs, s'il doit balancer un autre – innocent ou non – pour se couvrir d'une éventuel erreur, il le fera sans scrupule. Les autres, ce n'est pas lui, ce n'est pas important.
Centré sur sa petite personne ? Un peu...

Ah, et il était allergique au fraise de son vivant... Ici, ça l'affaiblit beaucoup.

Si on le soupçonne parfois de pouvoir se dissimuler dans l'ombre par magie, il n'en est rien. Il sait juste se montrer discret et détourner l'attention. Un qualité courante chez les messagers, comme chez tout le personnel : on les oublie bien facilement.
Non, sa seule capacité et de pouvoir prendre la forme d'une panthère noire et de bénéficier alors de toute les caractéristiques de l'animal.
Si ce n'est cela ? Eh bien, il doit avoir un bon paquet de courte lame dissimulée un peu partout. Une vieille habitude bien pratique lors des mauvaises rencontres.

Peu de gens savent qui a été Sytry. Moins encore s'en souvienne. Principalement parce qu'on oublie souvent les moments pitoyables. Aussi pitoyable que la silhouette d'un homme avachi contre les barreaux d'une cage, la main sur sa plaie béante. Rehaussons la scène : le fauve derrière lui tourne dans sa prison, partagé entre l'excitation de l'odeur du sang et l'inquiétude pour son éleveur.

Car c'est ce qu'il était. En fait, fils d'éleveur, fils de dompteur. Une grand cirque local, avec spectacle de fauve. Une grande première pour l'époque. Quelques choses de prestigieux, un bel avenir devant lui... Mais tout cela disparaissait au même rythme que son sang s'étalant sur le sol. Le flaque se faisait de plus en plus grande alors que son esprit dérivait. La douleur ? Il ne la sentait plus, trop dissimulée derrière la peur et... la colère.
Il lui en voulait à mort et il s'en voulait aussi. En fait, il n'aurait su dire contre qui il en avait le plus.

Elle, qui l'avait poignardé avant de filer ? Ou lui, pour avoir jouer au con est récolté des lauriers bien amères ? Il l'avait aimé au sur qu'il l'avait aimé... Mais maintenant ? Il la haïssait. Pourtant, il aurait du le voir venir. La fille de l'acrobate, si belle, si souple... Et si soupçonnée de folie. Parfois sans raison, elle s'énervait. Mais ils étaient dans un cirque, quoi de plus normal que de voir les gens faire des choses étranges ?
Jusqu'à présent, il n'y avait pas eu de conséquences... Jusqu'à présent...

Il l'avait approché pour jouer, curieux et amusé par cette fille que l'on disait folle. Et excité aussi. A force de dormir à la messe, il se laissait aller. Mais elle... Elle, c'était devenu sérieux. A force de lui tourner autour, il avait succombé à ses manières, à son petit rire cristallin... Et ses sautes d'humeur ? Bah, il ferait avec, c'est ce qui faisait son charme.
Quel con.

Le goût du sang lui emplissait la bouche. Métallique, agaçant... Qu'importe, il allait mourir. Il ne le sentirait plus. Il allait crever là comme un chien, avachit contre la cage de T'challa. Incapable même de lever la tête pour observer sa panthère. Résigné, il ferma les yeux.

Un coup dans la jambe le ramena à lui. Des secours ? Cette tarée serait elle revenue à la raison ? ...Non. Ce truc n'était pas humain. Ça avait l'air humain mais pas complètement. Sans doute la faute aux ailes noires et à la faux menaçante... La mort ? Hum...
Elle lui sourit, lui tendant la main. Elle parla sans qu'il en saisissent un mot et elle se répéta. Servir le diable ? Vivre... Ailleurs ? Pourquoi pas.

Sytry n'avait pas besoin de raison pour accepter, il le fit sans réfléchir. Il était là à mourir et cette chose lui avait tendu la main. Qui l'aurait repoussé ? Il n'avait jusqu'alors cru en rien. A présent, il s'en moquait. Il ne voyait qu'une main tendue et sans savoir où il en trouva la force, il leva le bras pour s'en saisir.

Combien de temps s'est écoulé depuis ? Le démon n'a jamais compté, en fait, il fait tout pour oublier. A quoi lui sert il d'avoir un passé ? Son travail et ses jeux ont pris une toute autre ampleur à présent. Friand de voyage, il a postulé comme messager. Il faut dire que T'challa l'y a pas mal aidé. A croire que prendre soin de l'animal fut la meilleure chose qu'il est fait de son vivant...
Mais il a bien plus à faire et à vivre une fois mort. Douce ironie.