Raf. Comment j'étais atterris la moi? Pis c'est quoi cet endroit d'abord? Je ne reconnais pas les grands rues de Kyoto.. Je regardai autour de moi, frénétiquement mais je ne reconnaissais rien. Ca m'irritait. Je détestais être perdu, ça me mettait dans un état que vous feriez mieux d'éviter.
Je posais mes mains sur le sol, il n'avait rien de particulier, c'était un sol comme un autre. Bon, j'étais pas tombé dans un piège et je n'étais non plus dans une cage pour être vendu aux enchères. Encore heureux. Je me relevai mais mon ventre me faisait mal.. Comme si.. J'avais reçu.. Un coup! Soudain, tout me revint en mémoire. La cuisine, le couteau de boucher, le rat qui avait violenté ma mère... Mais nulle part, je ne la voyais. Ou avait-elle bien pu passer..? 
Je l'appelai, poussant une espece de grognement cependant, qui peu a peu se transforma en paroles claires. 
"Maman! Maman!"
Je me relevai et me mis a errer dans l'espoir de retrouver quelque chose qui me permettait d'identifier l'endroit ou je me trouvais, sans succès. Dans quelle galère je me suis encore fourré? 
Je m'arrêtais en sentant mon ventre gargouiller, il se ramassa un coup, qui fit que je me tordis de douleur, la douleur s'était empirée pourtant.
 Je grognai "pas maintenant. J'ai autre chose a faire"
Je me remis à marcher, après m'être concentré sur mon mal afin de me convaincre qu'il s'apaisât seul. Je semblais vraiment perdu. Soudain, un corbeau croassa. Une nouvelle fois, je stoppai ma marche, lui adressant un regard irrité.
"qu'est-ce que tu me veux? Tu vois pas que je suis occupé?"
Le volatile croassa a nouveau et vint se poser sur mon épaule, me picorant la joue.
"quoi encore? Qu'est ce que tu me veux?" répétais-je, sur les nerfs. 
L'animal ne répondit pas. Bien sur. Comment aurait-il pu communiquer avec moi? Ch'ui idiot, parfois..
Nouveau croassement. A peine arrivé, il me tapait déjà sur le système. 
"bon, tais-toi le plumeau. J'essaie de retrouver mon chemin"
Indigné, l'animal me balança un nouveau coup de bec et sur la tête. 
"hey! Mais ça fait mal! J't'ai rien demandé moi!"
D'un geste dédaigneux, j'essayai de le faire s'en aller mais il ne lâcha pas. 
"bon, si t'insiste. Reste avec moi. Mais t'as pas intérêt a trop trainer dans mes pattes"
Il lâcha une sorte de nouveau croassement-grognement et se reposa sur mon épaule. C'était bizarre de sentir ses serres contre ma jaquette, je n'avais pas l'habitude de ce genre de pression. 
Nouveau grognement, de la part de mon ventre ce coup-ci. Je lui donnai un coup de poing en biais, furieux. Ce qui raviva ma douleur ventrale. Sous le coup de celle-ci, je fermai un oeil. 
"bon. J'vais chercher de la bouffe, vu que j'ai pas le choix, tu sais ou on trouve ça toi?" lançais-je a l'oiseau, une lueur de défis dans les yeux. 
Il décolla et s'envola, m'intimant de le suivre. Ce que je fis. Je coursais le rapace jusqu'à un endroit ou je pourrais avoir de la nourriture: un restaurant. 
J'entrais à l'intérieur, demandai de la nourriture et mangeais. L'oiseau s'était posé sur la table, piquant dans mon assiette. Je le laissai faire. Apres tout, c'était grâce a lui que j'étais ici. 
Soudain, j'entendis une bagarre se déclarer au centre de la pièce. Deux hommes se tournaient autour comme un lion et un tigre se disputant un morceau de viande. Amusé par la scène, je me levai et lâchai "j'paris dix pour le gros plein de soupe"
 L'un des deux hommes se redressa "repete un peu ca pour voir, gamin"
"j'vote pour le gros plein de soupe." fis-je, comme si de rien n'était. 
"toi..."
L'autre abruti me fonca dessus, visiblement, ce que j'avais dis ne lui avait pas plut. Je regardai l'oiseau, disant du regard "viens, on se casse". Ce que je ne tardai pas à faire. 
L'autre me poursuivit. J'étais heureux comme un beau diable. Même si je n'avais pas retrouvé ma maman, je sentais que j'allais bien m'amuser. Trop occupé à courir, je ne remarquais pas que je m'enfonçais dans une sorte de Dédale. Le corbeau voletait au-dessus de moi. Le gros était toujours à mes trousses. 

Je trébuchai une fois de plus et m'étalai de tout mon long. Avec un grognement agacé, je me relevai, froussé et en colère contre moi même. Ça faisait combien de temps que je déambulais dans ces dédales? Deux heures? Une semaine? En tout cas, ça me paraissait une éternité. Moi et mes idées idiotes parfois! Mais qu'est-ce qui m'avais bien pris de me promener, seule, dans un labyrinthe, dans lequel dit-on, il faut amener son corbeau?! Non mais, avoir une perruche noire comme animal de compagnie, qui croisse tout le temps, c'est pas pour moi! M'ennuyant royalement, et ayant rien mieux à faire, je m'étais dit que, me promener dans les interminables dédales seraient amusant! Bien sur, ma tête de linotte n'a pas analysé la situation correctement, et à joyeusement ignoré "interminables dédales" qui me passait dans le cerveau. Je secouai mes pantalon, y enlevant la couche de poussière et les quelques grains de sable qui s'y étaient accroché lors de ma chute. Je regardai autour de moi, soufflant ma mèche de cheveux pour libérer mon regard. J'étais entouré de végétation, ce qui ne m'aida guère à retrouver le bon chemin pour sortir d'ici. Je fis une moue découragée et regardai les deux chemins qui s'offraient devant moi. Après avoir joyeusement chanté " Ma petite vache à mal aux pattes" dans ma tête, je pris le chemin de droite et continuai mon interminable marche dans le labyrinthe. Je fourrai mes mains dans les poches de mon coton et regardai droit devant moi, essayant de relaxer. Si j'étais venue ici, c'était pour me changer les idées. J'avais, encore une fois, rêvée à elle. Elle semblait ne pas vouloir quitter mes pensées. Levant la tête vers le haut, je me perdit dans mes pensées, et me revis, il y a cela quelques années, lorsque j'étais encore vivante. J'étais à la montagne avec mon amie. On y faisait une randonnée, mon amie m'ayant dit d,une voix moqueuse que je manquais d'exercice, et que je ressemblais à un vampire avec ma peau pâle (ah, quelle ironie!). Je l'avais donc suivie, encouragée par ses sourires si éclatants. Durant la randonnée, je m'étais vite aperçue que j'attendais chaque nouvelle impasse avec impatience, ne serais-ce que pour pouvoir sentir le contacte des ses doigts contre la paume de ma main, la douceur de sa peau contre la mienne, la force de sa main lorsqu'elle attrapait ma main pour pouvoir me tirer vers elle... Chacun de ces moments faisaient virevolter mon coeur, et j'avais de la difficulté à garder la tête froide.. (J'ai encore de la difficulté, mais là, c'est autre chose). Nous avions atteint le sommet en fin d'après midi, et étions restées assises à contempler le paysage à partir du sommet. Perdue dans mes pensées, ça m'avait pris un moment avant de réaliser la chaleur sur ma main, le contact de ses doigts entre les miens...
Je l'avais regardée avec surprise, mais elle gardait son regard droit devant elle, un sourire aux lèvres. Je n'avais donc rien dit, le coeur battant, et avais gentiment serré ses doigts en retour...
Le son d'une cavalcade me sortit de mes pensées et je revint en enfer. Un moment perdu, je me demandai ce que je faisais ici. Puis je me souviens. J'étais perdu. Pas étonnant, chaque fois que je me mettais à marcher, fallait que je me perde dans mes souvenirs et je ne savais plus de quel côté j'étais allé! Je secouai la tête et m’apprêtai à tourner le coin lorsqu'une personne passa en furie devant moi, bientôt suivi par une autre. Je sentis une main me pouser m'envoyant tomber lourdement au sol.

« Non mais ça va pas!» m'écriais-je, la colère me gagnant.
La personne m'ignora superbement et continua sa poursuite. Juste avant que la première personne tourne le coin d'une autre impasse, je remarquai que c'était un gamin. Mais qu'est-ce que ce gros balourd voulais bien à ce gamin? Un croassement sonore me fit lever les yeux et je vis un corbeau. Ce dernier me renvoya mon regard et je secouai la tête. Mais que se passait-il bon sang? En grognant de mécontentement, je me relevai et m'élançai à la poursuite des deux personnes. Peu importe ce qui se passait, j'allais au minimum essayer d'aider le petit garçon.
Avec ma vitesse de vampire, je dépassai rapidement le balourd qui m'avait poussé et finalement le gamin. Je m'arrêtai quelques mètres devant lui et restai immobiles. Je vis une légère surprise s'imprimer sur son visage, mais sans plus. Il me dépassa, continua sa course. L'homme qui le suivait arrivait à ma hauteur. Au dernier moment, je tendis mon bras et lui fit le coup de la corde à linge. Son torse heurta mon bras avec violence et l'homme, sous le coup, s’effondra sur le sol, le souffle coupé, me regardant avec des yeux écarquillés de surprise. Je ramenai mon bras contre moi, grimaçant légèrement sous la douleur. Je ne pensais pas qu'il me ferait si mal. Je lui jetai un regard haineux et me retournai vers le gamin qui, ayant arrêté sa course, avait tout vu, quelques mètres plus loin. Mes yeux rencontrèrent les siens et j'attendis la suite. Je ne suis pas bonne pour les conversations, donc il était mieux de commencer bientôt, sinon ma patience allait atteindre sa limite....